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Bonjour monsieur "Gérard du Camino",

Je m'appelle Christiane et je pars de Nancy jeudi 12 Mai pour arriver via Paris et Irun à Ponferrada vendredi 13 par SNCF. C'est mon dernier tronçon avec l'arrivée à SANTIAGO. C'est en fait le 7ème car je fais un bout du Chemin 2 fois par an (mai/juin et août), donc en 2002, 2003, 2004 et maintenant. Je suis toujours partie seule sauf une fois où j'avais emmené mon petit chien. J'espère bien m'en sortir cette année encore et arriver en bon état à Compostelle.
J'aimerais tellement en refaire un petit bout l'an prochain (du PUY), mais.... voilà! J’ai 71 ans !!!
Mon Chemin, c'est 3 choses : le côté religieux (voeux, prière) - le côté randonnée (nature, calme) et le côté gastronomie. 
Christiane

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Christiane le retour !
Je suis la pèlerine de 71 ans, de Nancy, repartie sur le Camino donc, le 14 Mai de Ponferrada à Santiago où je suis arrivée le 22 Mai. J'ai effectué en réalité 150 Km à pieds, sans aucun problèmes. Seul le temps ne fût pas de la partie les quelques premiers jours, sur les crêtes : pluie, grand vent froid, brouillard. Au Col San Roque, les attaches de ma cape furent même arrachées par le vent..., température : 4° le matin. Les chemins furent très boueux et "bouseux" (on y rencontre plus de troupeaux de vaches que d'habitants) et parfois même transformés en petits ruisseaux. Mais, alléluia, je suis arrivée en parfait état à SANTIAGO, la récompense finale tant espérée. J'y suis restée 5 jours. C'est un tronçon agréable mais il faudrait se méfier car il y a de longs parcours on en ne trouve pas d'hébergement, surtout après Mélide. J'ai dû faire 28 Km entre Palas de Rei et Ribadiso de Baixa car après Mélide, il n'y avait rien.
Tous mes voeux pour le nouveau départ que vous prévoyez ce mois-ci je crois.
PS. Comme demandé, je vous joins une photo (Si j'y arrive).
Salutations Jacquaires.
Christiane de Nancy
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Bonjour, Je suis Christiane la "jeune" pèlerine de Nancy qui aura 72 ans fin Mars. (Voir rubrique "Vos souvenirs" page 1). Je suis donc arrivée à Santiago en Mai 2005 et "mordue" par le Camino, je vais (si Dieu le veut) reprendre le départ en Mai prochain mais depuis Saint-Jean-Pied-de-Port et toujours seule.  Jusqu'où ? J'aimerais aller jusqu'au bout, on verra bien. Le  plus dur c'est de laisser mon petit chien en pension. Heureusement qu'il ne sait pas compter les jours !!! Quoique, sait-on jamais... Alors, à tous les éventuels pèlerins, jeunes, moins jeunes, accompagnés ou seuls, n'hésitez pas, prenez votre sac, votre bâton, et allez... Prenez le temps d'admirer les paysages, les fleurs. En fin de journée, détendez-vous devant une bonne bière (ou deux). Goûtez aux spécialités des régions, pain et saucisson ça va pour les midis. Et puis, une  petite prière, un moment de recueillement ça peut toujours aider. Alors, en route et bon courage.
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Christiane : le retour !
Je suis donc la fameuse "jeune"  pèlerine de 72 ans. Alors, c'est gagné. J'ai parcouru le Camino Frances, de Saint-Jean-Pied-de-Port à Santiago, du 1er au 29 Avril, toujours seule, soit 650 Km car j'ai pris un train de Sahagun à Léon à cause de la région trop ensoleillée et aussi du besoin de reposer mes épaules (port du sac). A Léon, j'ai acheté un porte-valise à roulettes et j'ai traîné mon sac. Ouf, ça soulage, juste un petit durillon aux mains Il faut croire que j'ai encore la peau tendre !!!!!
Les pèlerins retrouvés chaque soir m'ont considérée comme "une dure" et applaudissaient  quand j'arrivais au gîte. Ils étaient étonnés de savoir que je n'avais jamais une ampoule et que je n'étais pas fatiguée en arrivant Je leur ai dit que c'était "les petites bières" qui me valaient cette forme. Ah! j'ai été photographiée tout au long des chemins plus que Pamela Anderson. Malheureusement ça ne m'a pas rapporté autant...
Tout s'est donc bien passé et en Avril 2007 je compte bien recommencer. Que Dieu me prête vie. Excusez moi de vous en raconter autant.
Amitiés jacquaires. Christiane de NANCY

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Un greffé sur le chemin de Compostelle.
C’est kilomètre après kilomètre, le long du chemin que j’ai pris conscience que le but n’est pas Compostelle mais le chemin lui-même. Courriel :

Acène Djeghmoum.

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De Westhalten à Santiago, avec Noé, mon âne. 
Quelle idée de partir avec un âne en direction de Compostelle ! Comment en suis-je arrivé là? Comme pour la plupart d'entre nous, une pensée s'insère un jour dans notre esprit et s'y développe pour prendre successivement les formes de rêve, de désir, d'intention pour finalement se transformer à l'état de projet. C'est bien ça, le projet, c'est, en autre, de réaliser quelque chose d'extraordinaire, quand on est quelqu'un d'ordinaire. S'engager sur le Chemin de Saint Jacques, c'est certainement la seule aventure plus que millénaire que peut encore vivre aujourd'hui, l'homme du 21° siècle.


Aussi, je me renseigne, je dévore des dizaines de livres traitant de ce sujet, je visite la plupart des sites Internet qui évoquent le Chemin, je participe à des forums ayant ce thème, j'assiste à des conférences, j'adhère à l'Association des Amis de Saint Jacques pour y échanger avec d'anciens pèlerins qui me font bénéficier de leur expérience, j'étudie les différentes voies qui sont offertes. Toutes ces démarches pour appréhender les difficultés existant sur le Camino Frances notamment en matière d'hébergement et plus particulièrement encore en cette année jacquaire qu'était 2004. Fort de ces conseils, j'opte pour le camping et l'autonomie que procure ce mode d'hébergement. Seulement, voilà, ce "luxe" a une conséquence : le poids que représente tout le matériel nécessaire. Il faut trouver un porteur. Le "Carrix", je n'y crois pas, j'ai passé ma vie professionnelle entre les chariots et les caddies, je préfère un porteur moins technologique et plus naturel. Le cheval de bât, c'est trop cher et trop compliqué. C'est ainsi que je me suis orienté vers la solution d'un âne qui, lui, est un animal rustique, économique et surtout sympathique. Mais je n'y connaissais rien en âne. Je commence donc par suivre un stage d'ânier dans le Lot. Je continue par faire l'acquisition d'un âne chez un éleveur spécialisé dans la Nièvre. Il est né l'année des N (comme pour les noms des chiens ou des chats, il y a des lettres qui désignent le millésime). Cet âne au regard malicieux et au comportement rebelle, s'appellera donc Noé. Car selon l'étymologie hébraïque, Noé signifie nûah, la Paix, ou naham, il consolera (Gn 5,29). Son nom lui sera peut-être plus lourd à porter que les bagages qu'il aura sur le dos, mais il l'assumera et s'en acquittera à merveille.

Après quelques séances d'entraînement et une traversée des Vosges de quinze jours en juillet 2003, nous sommes enfin prêts, tous les deux, ce 21 mars pour le départ. Plus d'une soixantaine d'amis et membres de la famille sont venus se joindre à ma compagne, à Westhalten, pour participer à cette cérémonie de départ, où, selon la tradition, le curé du village procédait à la bénédiction du bourdon et du sac. Ca y est, le Chemin peut commencer. Environ 2.300 km en direction de cette cathédrale située tout à l'ouest de notre continent. Notre premier objectif : Vézelay, car j'ai opté pour la voie de Vézelay, sachant que celle ci est moins fréquentée que celle du Puy pour ainsi, effectuer mon pèlerinage dans la solitude recherchée. Les difficultés se présentent aussitôt : tempête de neige et de grêle, pluie, froid, chemins boueux dans lesquels les sabots de Noé s'enfoncent parfois de plus de vingt centimètres, premières ampoules malgré des Meindl bien rodées, douleurs musculaires et fatigue dues aux étapes trop longues au début. Heureusement Noé est là, je me protège derrière lui en cas de vent latéral, je l'observe et constate que même tout trempé et dégoulinant de la pluie incessante, il ne bronche pas, il ne se plaint pas, il avance régulièrement à une allure de quatre kilomètres à l'heure sans protester. Grâce à ce métronome, j'arrive à passer ces premiers jours qui sont les plus pénibles sur mon Chemin. Suivant les conseils de notre ami Roger Emmenecker qui m'avait aimablement communiqué le tracé du parcours d'Alsace à Vézelay, je m'arrête à l'abbaye Saint Joseph de Flavigny sur Ozerain, pour une retraite de trois jours au milieu des moines bénédictins. Quel bonheur et quelle exaltation de pouvoir ainsi vivre et partager avec les Frères tous les moments de la journée allant des laudes aux complies, quelle merveille ces chants grégoriens qui résonnent sous la voûte gothique de la chapelle et qui vibrent encore dans mon cœur.

Après cet enchantement, nous reprenons le Chemin par Semur en Auxois pour atteindre Vézelay la veille du dimanche de Pâques. Le printemps commence enfin à s'installer, les feuilles apparaissent aux arbres et les bourgeons des fleurs vont bientôt s'épanouir. La célébration de la résurrection dans la basilique Sainte Marie Madeleine est un événement d'une exceptionnelle beauté. Sous la nef romane plus d'un millier de fidèles se pressaient, tenant chacun dans sa main un cierge allumé, soulignant ainsi la majesté de ce lieu éternellement magique. Dans le chœur gothique immaculé de lumière les frères et sœurs de la fraternité monastique de Jérusalem ornaient divinement de leurs chants la liturgie de ce dimanche de Pâques et le frère Patrick nous gratifiait d'une somptueuse homélie qui élevait nos cœurs dans la fraternité et dans l'Espérance.

Dès le lundi de Pâques, nous reprenons la route par Cobigny, Préminy, en direction de Nevers avec comme prochain objectif Limoges que nous espérons atteindre le 3 mai. C'est après Saint Amand Morond, au gîte de Paul et Annie Gravost à Loye sur Arnon que j'ai rencontré mon premier pèlerin Martial, un retraité de la SNCF. Jusqu'à Ostabat je n'en rencontrerai que trois en tout. Lui, Martial, puis à la Coquille Magdaléna une flamande, marathonienne qui marchait si vite que je ne me souviens plus que de son sac à dos et plus tard, à Saint Astier, Alain, un colonel d'artillerie en retraite un peu particulier car catholique traditionaliste (et non intégriste), royaliste, anti communiste et anti franc-maçon. Celui là je ne l'ai rencontré que deux soirs au gîte. Il avait l'intention de poursuivre jusqu'à Santiago et j'espère que pour lui le Chemin lui a un peu enlevé le bandeau que le fanatisme et l'ignorance lui avaient posé sur les yeux.
Sur notre route d'exceptionnelles églises et chapelles romanes nous offrent leur impressionnante majesté. Il s'agit, entre autre de Neuvy Saint Sépulcre, de Bénévent l'Abbaye, de Notre Dame de Gargilesse, Saint Pierre de Solignac et bien sûr Saint Léonard de Noblat. Rapidement, peut-être trop rapidement nous traversons le Limousin en contournant Limoges et le Périgord en contournant Périgueux. Car Noé n'apprécie guère ces longues traversées de villes où il ne trouve pas d'herbe à brouter ou de branches d'arbre à croquer. Maintenant le printemps s'installe, les arbres ont tous retrouvé leur feuillage, les fleurs enluminent le décor, les oiseaux chantent dès le lever du soleil et enfin l'on entend à nouveau le coucou dans la forêt. C'est dans cet émerveillement, que nous parcourons plein d'allégresse l'infini des vignes de la Gironde, pour pénétrer enfin dans les Landes. Ces chemins landais sont interminablement rectilignes, monotones et fatigants. Ah ! cette étape Captieux Roquefort (dans les Landes) je m'en souviendrais comme l'une des plus pénibles. Avec ses trente trois kilomètres de ligne droite sous une température supérieure à trente degrés et avec une escorte de millier de moustiques je me suis dit que les Landes, c'est l'enfer, mais il est vrai que je ne connaissais pas encore la Meseta à ce moment là.
Bientôt nous entrons en pays de Béarn, et c'est à Argelos, à quelque distance d'Orthez que sous un ciel d'azur, j'aperçois pour la première fois la chaîne des Pyrénées avec ses pics enneigés. Une centaine de kilomètres nous en séparent encore. Que c'est impressionnant de découvrir ainsi dans sa splendeur cette barrière tant attendue et cependant si redoutée. Il va falloir traverser ce col de Roncevaux, l'instant de vérité est maintenant proche. Passé Saint Palais, j'appréhendais également la stèle de Gibraltar. Je savais qu'à cet endroit allait débouler la foule des marcheurs fréquentant le GR 65. Cette foule n'est pas composée que de pèlerins partis du Puy, il y plus de marcheurs et randonneurs qui au mieux ont démarré quelque part dans le Gers et n'ont que quelques jours de marche derrière eux. C'est eux que je redoutais. Avec mes deux mois de pérégrination solitaire, de recueillement dans le silence, de sérénité et de communion avec la nature je n'avais plus envie de me mêler avec ces randonneurs bruyants, leur téléphone portable toujours collé à l'oreille et aux conversations de Club de vacances. C'est pourtant ce à quoi j'étais condamné ce soir là, à l'étape passée à la ferme Gainako d'Ostabat. Quel choc pour moi ce dîner à plus de vingt cinq dans cette petite salle à manger. Quel niveau sonore élevé dans ces conversations au niveau extraordinairement bas. Je me suis enfui avec mon assiette pour terminer mon repas dans le pré, aux cotés de Noé, qui une fois de plus me consola et qui malgré lui me réconcilia avec l'humanité. J'ai compris que dorénavant, il y aura toujours quelqu'un devant, quelqu'un derrière et quelqu'un à coté de nous. Avec ses grandes oreilles avec lesquelles il ne fait qu'écouter, Noé m'a transmis sa formule de la sagesse : "Se taire, … et laisser braire". Et c'est ainsi que je savourais ces derniers instants de délicieuse complicité avec mon âne.
La montée du col de Roncevaux fut la plus belle étape de ce pèlerinage. Je craignais un peu la difficulté provenant du dénivelé important de cette étape, mais j'avais oublié que nous avions déjà deux mois de marche derrière nous et plus de mille trois cents kilomètre dans les sabots, donc, que nous étions au mieux de notre forme physique. Partis avant sept heures de Huntto nous sommes arrivés vers midi au col de Lepoeder en ayant doublé dans la montée la plupart des pèlerins qui, il est vrai, en n'étaient pour la plupart qu'à leur première étape.

C'est à l'albergue du monastère de Roncesvalles que j'entendis pour la première fois cette expression : "no tienda, no burro", (pas de tente, pas d'âne). Jusqu'à Santiago j'entendrais cette exclamation de façon presque quotidienne. Sauf quelques à exceptions près (Cizur Menor, Rabanal et Ribadiso) on n'est pas le bienvenu en Espagne avec un âne. Cela peut aller de l'injonction simple, à la menace de faire appel à la Guardia Civil (Viana) jusqu'à l'expulsion par la police municipale (Villafranca del Bierzo). Pourquoi l'âne qui était mon passeport de sympathie lors de toute la traversée de la France et m'a aidé à ouvrir toutes les portes, devient-il ici en Espagne quelque chose de redouté et de repoussant. Je pense avoir trouvé la réponse dans l'explication suivante : l'époque du franquisme n'est somme toute pas si lointaine pour certaines générations. L'âne leur rappelle cette époque et symbolise ainsi la pauvreté dans laquelle vivaient la plupart des gens sous ce régime. Celui qui vient ici avec un âne leur évoque plutôt la pauvreté du SDF et risque de ressembler à un "voleur de poules". Alors qu'en France cela fait bien longtemps que le monde rural n'utilise plus les ânes pour le travail et qu'au contraire il est devenu symbole de loisirs et de sympathie.
Chemin faisant, entre Zubiri et Los Arcos je rencontre de temps en temps un couple de français partis également de chez eux en région parisienne avec un âne bâté. Il s'agit de Jacques et Josiane avec leur ânesse Brunette. Très rapidement les relations entre Noé et Brunette prirent l'allure d'une idylle qu'il devenait difficile d'enrayer. C'est à Navarette que nous avons décidé de faire dorénavant route commune avec Jacques et Josiane et de partager ainsi à notre plus grand bonheur tous les instants du chemin, la marche quotidienne, les haltes et bivouacs du soirs de même que nos réflexions de la journée. Pendant presque un mois nous avons vécu les ravissements du Camino sans en connaître les inconvénients. Les grandes villes comme Burgos et Leon étaient traversées très vite pour arriver enfin aux frontières de la Galice au Cebreiro où nous attendait une équipe de TF1 qui tournait un reportage sur le Chemin de Saint Jacques. Ce reportage est passé sur cette antenne en juillet 2004.
Puis, comme tout le monde nous avons vécu le traumatisme provoqué par ces bornes qui tous les cinq cents mètres font le compte à rebours du Chemin restant jusqu'à Santiago. Nous décidions des étapes qui devenaient de plus en plus courtes, tant nous cherchions à retarder l'instant de l'arrivée à Santiago, signifiant également la fin de ce périple. Mais il fallait achever ce Chemin. C'est ainsi, qu'après quelques tracasseries administratives, (car on ne pénètre pas à Santiago avec un âne sans être en possession d'une autorisation dûment tamponnée par la Guardia Civil), nous posons enfin nos pieds et nos sabots sur la borne zéro de la plazza del Obradorio. Nous sommes le 7 juillet 2004 et tout est fini, consumatum est. Je n'avais plus envie d'aller jusqu'à Fisterra tel que je l'avais prévu. Ma compagne a fait toute cette route, avec un van attelé à la voiture, pour nous ramener en Alsace.
Le Chemin s'arrête-t-il vraiment sur cette place de la cathédrale ? Aujourd'hui, je pense que la borne zéro ne marque pas une fin, mais un début. C'est peut-être là que le Chemin commence réellement. Tout au long de ces trois mois et demi, deux phrases ne cessaient de résonner dans ma tête. Elles m'ont été données par des amis le jour de mon départ et ont rythmé mes pas tout au long de ce parcours.
La première, est une citation de Nicolas Bouvier que m'avait confié une jeune femme le 21 mars : "Ce n'est pas toi qui fait le Chemin, c'est le Chemin qui te fait". Dans un premier temps, j'ai considéré cette phrase avec un peu de désinvolture car elle ressemblait trop à toutes ces phrases faciles qui deviennent rapidement des lieux communs. Tout au long de mon parcours de 2.300 km j'entendais encore cette phrase que j'appréciais avec une certaine indifférence. Je pensais à l'aspect ridicule et dérisoire de cette phrase-cliché, C'est vraiment un stéréotype. Comment cela; ce n'est pas moi qui fait le chemin ? Tous les jours c'est moi qui décide le parcours, les haltes, les repas, l'hébergement du soir, ainsi que tous les autres détails de la vie du pèlerin. Il est vrai que souvent dans les difficultés la Providence est intervenue, peut-être à mon insu, mais toujours de façon opportune. Mais cette citation de Bouvier résonnait toujours dans mes oreilles comme une fausse note, car j'étais convaincu que c'était moi qui faisais le Chemin, qui en gérais sa complexité et en assumais la responsabilité.
Finalement, ce n'est qu'une fois arrivé sur cette borne zéro que j'ai saisi le sens de cette phrase et qu'enfin je l'ai comprise et acceptée. C'est vrai, c'est le Chemin qui te fait, voire même qui te défait. Il enlève tout le superflu, tout ce que nous jugions comme indispensable et qui n'est que futilité. Enfin on approche le Vrai, l'Unique et l'Indispensable. On découvre son Etre après ce long chemin qui est en définitive un chemin intérieur qui va du moi au Soi. C'est un Chemin d'initiation véritable au quadruple plan physique, moral, philosophique et spirituel dont on ne revient pas identique à ce qu'on était au départ. Faire ce Chemin, arriver au but est un privilège qui nous crée et constitue après nous avoir reçus en cheminant. Après avoir marché si longtemps en direction de l'Occident, pour y arriver dépouillé et procédant ainsi à la mort du vieil homme sur cette borne zéro, il nous faut maintenant repartir dans l'autre sens, vers l'Est, cet Orient de l'âme. Le Chemin vers Santiago est un espace où se posent les questions, le Chemin retour est un moment où l'on y trouve les réponses. Je regrette à ce jour de ne pas être rentré à pied.
La deuxième phrase est celle qu'un ami m'a glissé dans l'oreille dans une dernière accolade. " Je te souhaite de rencontrer Dieu". Celle-ci aussi a retenti et vibré dans ma tête tout au long de ces trois mois et demi et a chacun de mes pas. Oui, j’aimerai bien Le rencontrer, mais où et comment ? Finalement je crois que je L’ai approché, car Il est venu vers moi, dans les multiples manifestations de la Providence (qu'il serait trop long d'énumérer ici), dans la pureté des églises romanes que j’ai visitées, dans la splendeur des symboles exprimés par leur statuaire, dans la Beauté de la Nature que j’ai traversée lors de sa renaissance au printemps, dans le chant du coucou que l’on entendait à nouveau dans la forêt, dans le murmure d'un ruisseau au milieu des bois, mais surtout dans la richesse et la profondeur des rencontres que j’ai effectuées. Rencontres avec ces êtres qui vivent aux bords du Chemin et qui partagent le même idéal avec ces pèlerins qui défilent devant leur porte. Rencontre avec ces autres pèlerins qui cheminent tous, portés par la Foi, par l'Espérance d'un monde meilleur, par le désir d'une humanité plus fraternelle, par d'autres attentes qui leur appartiennent et que nous pressentons sans les connaître parce que tout simplement nous avons cheminé avec eux. De la magnificence de ces rencontres, je ne retiendrais qu'un seul mot : l' Amour qui s'en dégage. C'est dans ce bonheur si intense vécu sur le Chemin que s'effectue finalement la Rencontre, elle se réalise dans et par l'Amour. Amour, dans le sens de l’agapè, pour se transformer et devenir en fin : l’Amour divin.
Qu’il soit appelé pèlerinage ou chemin de Compostelle, le Chemin de Saint Jacques est un chemin initiatique, le chemin de vie propre à chacun. C’est un chemin de transformation et de construction intérieures. Transformation et construction par l’Amour. Alchimie secrète qui fait que l’on part en croyant se connaître et que l’on arrive quelqu’un d’autre. Alors, ULTREÏA, marche. On ne peut asservir l’homme qui marche.
Marche et tu verras...  
Gilbert Buecher

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NOËL À BETHLEEM
Le 2 Avril, Le Père Philippe Barbarin, notre Cardinal, me donnait sa bénédiction en la Primatiale Saint Jean à Lyon en présence de mon épouse Marie-jeanne. Intense moment d'émotion ! Le 11 Août dernier, extrait de son courrier, après mon passage à Rome :
"Que toutes les grâces reçues rayonnent maintenant à partir de vous !"
Monseigneur Barbarin
Au terme de mon long et précieux cheminement vers notre Terre Sainte, j`ai pu mesurer, à tout moment, les grâces que le Seigneur a bien voulu me donner et je suis heureux en cette belle Fête de Noël à Bethléem de les partager avec vous Toutes et Tous qui m'avez si gentiment accompagné et ‘’supporté activement’’ par vos messages, vos pensées et surtout vos prières. Vous m'avez aidé très souvent en secret... et subitement mon sac devenait plus léger ! Ainsi je suis arrivé au terme de mon pèlerinage avec Bonheur et de ce Bonheur vous en possédez la partie qui vous revient tout naturellement !
Désormais vous aussi, Vous rayonnerez de ces Grâces accordées par Notre Seigneur.
Soyez porteurs de cette Lumière et partagez l`abondance de la richesse avec vos Proches.
Depuis Bethléem, tout près de la Grotte de la Nativité, je vous souhaite une Bonne et Sainte Année. Marie-jeanne et Valérie se joignent à moi pour vous adresser leurs bons voeux, depuis St Genis Laval où je serai de retour Dimanche 26 Décembre.
Paul, pèlerin de Bethléem
Concluons avec un Merci très fort à Marie-jeanne pour son ‘’bon de sortie’’ et son soutien moral et affectueux, ainsi qu'à ma fille Valérie. Que ces mille Mercis deviennent mille Prières.
Paulo de Lyon
http://jamelyonjerusalem.monsite.wanadoo.fr/
http://pauljamejerusalem.monsite.wanadoo.fr/
http://jamepauljerusalem.monsite.wanadoo.fr/

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Jean-Claude Pelletier Montréal, Québec, Canada. (octobre 2004)
Montréal, jeudi le 21 octobre 2004.
Bonjour Gérard, ami jacquaire,

Chez Gérard du Camino... j'ai souvenance d'un bel après-midi d'août, plus précisément, vendredi le 13, ou j'allai cogner à ta porte à Montrouge et partager cette formidable expérience que je venais de vivre sur le Chemin, au départ de Namur, la voie de Vézelay, le Camino del Norte et le Finisterre.
- Je m'apprête à assister cette fin de semaine au Grand Rassemblement de l'association des pèlerins et amis du Québec à Compostelle ; il aura lieu à Gatineau.
- J'aurai sûrement l'occasion de souligner à mes amis jacquaires l'accueil chaleureux que tu m'as réservé et leur suggérerai de faire aussi, si l'occasion se présente, une halte au 36 rue Racine a Montrouge, en banlieue parisienne.
- De plus je prévois récidiver l'an prochain, cette fois la en partant de Soulac, donc le chemin du littoral et continuer par le Camino Primitivo. Les mois d'août, septembre et octobre seront vraisemblablement les mois choisis pour réaliser ce projet.D'ici là je prévois d’hiberner dans ma cabane au Canada et te transmets mes salutations.
Jean-Claude Pelletier

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Arnaud de Rochebrune pèlerin (juillet 2004)
Bonjour Monsieur,
Je vous ai déjà écrit dans le passé pour vous demander des conseils pour le Camino. De retour de Santiago et arrivé ce matin à Paris, c'est avec le plus grand plaisir que je vous remercie pour tous vos conseils et votre site internet. Je suis parti le 1er juillet de Saint-Jean-Pied-de-Port et suis arrivé le 24 à Monte do Gozo pour voir les feux d'artifices et suis entré le 25 dans Santiago. Très chanceux j'ai assisté à la grande messe solennelle à quelques mètres du Roi et de la Reine d'Espagne. Autant dire que la récompense était belle.
Je dois maintenant me réhabituer à la vie normale, mais je rêve déjà de repartir.
Encore un grand merci.
Arnaud
Pour information : des journalistes de la chaîne ARTE tournaient un reportage sur le Camino qui devrait sortir à Pâques prochain. Ils suivaient une femme belge, mais également quelques pèlerins (dont une matinée avec moi).

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Jacquie et Serge Pèlerins canadiens (mars 2004)
Bonjour,
Nous sommes du Québec, et nous avons marché l'automne dernier. Pour nous, vu la dépense, nous devions nous rendre à St Jacques en un seul voyage. Nous avons choisi de faire seulement le Camino Frances, et tout s'est super bien passé. Nous sommes partis de Navarrenx le 10 août, et arrivés à St Jacques le 20 septembre. Mon mari a été facteur pendant 35 ans, il a trouvé tout facile, il n'était jamais fatigué. Mais moi, j'ai trouvé ça difficile. J'ai été fonctionnaire pendant 30 ans. J'ai eu la polio toute petite, ce qui m'a laissée avec une jambe un peu plus courte que l'autre. J'ai plusieurs kilos en trop. Mettez tout ça ensemble, la vieille en a arraché par bouts. Chaque arrivée au gîte était un petit exploit !!!
Malgré tout, notre pèlerinage s'est déroulé sans aucune anicroche. Il faut dire que nous étions bien préparés, et que votre site était une mine d'or que nous avons visitée à maintes reprises!  
Nous avons rencontré des gens formidables, nous sommes encore en contact avec plusieurs. Nous sommes encore dans les nuages. Nous sortons souvent nos albums photos et nos carnets de voyage. Nous cherchons un autre voyage qui nous donnerait autant d'émotion, mais je ne sais pas s'il existe quelque chose de comparable.
Je voulais aussi vous faire connaître un coin du chemin que nous avons découvert par hasard. Nous n'en avions trouvé mention nulle part, ce sont des pèlerins qui eux aussi l'ont découvert en se promenant. C'est au Cebreiro. Si vous logez au gîte des pèlerins, vous avez juste en face une bonne colline. Tout le monde grimpe cette colline car tout en haut, il y a une vue époustouflante des villages autour. Mais après cette colline, il y en a une autre, et si on se donne la peine de monter au sommet de cette colline, on rencontre une curiosité unique du chemin. Il s'agit d'une croix ornée de milliers de pièces de monnaie plantées par les pèlerins au cours des années. C'est vraiment étonnant ! Ça vaut la peine de faire une petite montée de plus pour y accéder. Nous y avons, bien sûr, laissé une pièce du Canada.
Jacquie et Serge Therrien

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Daniel Raux pèlerin cycliste-piéton, parti du Mont-Saint-Michel (1er février 2004)
Du Mont-Saint-Michel au Phare de Fisterra, via le Camino Francès, seul et en hiver : tel était le programme ambitieux que je m'étais concocté pour une première expérience sur le Camino.
Arrivé à la retraite (anticipée), je pouvais enfin à 54 ans me lancer sur ce chemin qui me taraudait l'esprit depuis des années. Non par démarche religieuse, étant devenu progressivement athée, mais pour un voyage intérieur, une parenthèse jugée nécessaire, notamment après le décès de plusieurs amis proches. Une façon de faire le tri et de conserver l'essentiel pour la "dernière ligne droite." Sans négliger l'aspect culturel car j'adore l'architecture romane.

Je devais en principe effectuer le trajet jusqu'à Leon à VTT, avec une remorque Bob, puis terminer les 400 derniers kilomètres à pied, toujours avec ma remorque, bricolée pour être tractée avec un harnais (voir les photos).
Parti le 1er février ,j'ai bénéficié de conditions climatiques exceptionnelles durant 15 jours puisque j'ai traversé toute la France sans une goutte de pluie !  
Très honnêtement, je ne garde pas un souvenir exceptionnel de cette première partie de mon voyage, pour la simple raison que je ne me suis pas senti dans l'ambiance du Chemin. N'ayant pas emprunté les grandes voies traditionnelles, à part la voie de Soulac sur quelques tronçons, logeant en chambre d'hôtes ou dans des auberges de jeunesse, j'en avais assez d'expliquer à chaque fois que j'allais à Compostelle, etc... etc... Bien sûr, j'avais le temps de cogiter, en particulier pendant la traversée des Landes, mais j'avais besoin de me retrouver sur "le" chemin. C'est pourquoi au lieu de passer par Irun, j'ai bifurqué vers Saint-Jean Pied de Port où je suis arrivé le 14 février en décrétant illico une journée de repos.
Déception : pas un seul pèlerin au refuge ! Mais la présence de Jeannine et la chaleur de son accueil m'ont déjà fait entrer dans ce "monde parallèle" qui réunit les cheminants.
De plus, j'ai ressenti beaucoup d'émotion à la porte de la ville, classée patrimoine de l'Humanité par l'Unesco, porte par où sont entrés des millions de pèlerins venant de toute l'Europe. Descendre la rue de la Citadelle et imaginer tous ces pèlerins qui reprenaient des forces avant de tenter la traversée si redoutée des Pyrénées n'ont pas manqué de me "remuer", en tant qu'historien amateur, mais surtout en tant que cheminant, à mon tour. J'avais l'impression de rejoindre une confrérie, avec cependant infiniment moins de mérite que tous ces pauvres gens qui affrontaient des conditions de voyage terribles. Bref, çà sentait bon le "Camino " !
Passée la frontière, la météo m'a rappelé que l'on était encore en hiver : neige, froid, brouillard, vent glacial ont été le lot des deux semaines qui ont suivi, mais il en faut davantage pour décourager un breton, têtu par définition, et malouin de surcroît !
Je suis arrivé à Leon le 25 février. Après une journée de repos, j'ai entamé ma carrière de marcheur. J'étais très fier de mon équipement : le système de la remorque fonctionnait impeccablement, après quelques petits réglages, notamment sur la répartition du poids vers l'arrière et la hauteur des bras télescopique. Hélas, j'avais une semaine auparavant heurté violemment mon tibia contre la pédale crantée de mon vtt, et après deux jours de marche, ma jambe droite avait doublé de volume.
Boitant trop bas pour espérer finir à pied, je suis revenu à Leon en stop ( grâce à une pancarte "Peregrino Herido"), et j'ai récupéré mon vélo, ayant moins mal en pédalant . Mon périple s'est terminé à Fisterra le 6 mars au coucher du soleil, par un bain symbolique dans l'Océan. Quand j'ai appelé ma femme, elle m'a appris qu'un autre de mes amis venait de finir pour de bon son chemin : 52 ans, cancer du poumon !

Sans commentaire… Ou plutôt si : la confirmation qu'il faut profiter à plein du seul bien que nous possédions : la VIE !
Une histoire un peu plus gaie pour terminer. On pourrait l'intituler : La Vengeance de l'Archange !
A mon départ du Mont St Michel, je sui allé poser pour la photo dans la chapelle du pèlerinage où se trouve un bénitier portant des coquilles Stjacques. Mécréant que je suis, j'ai ricané intérieurement en voyant le comportement superstitieux de certaines personnes devant la statue de l'archange. Vengeance immanente : après 3 km , Crevaison ! Alors que la route est lisse comme un billard ! D'où débâchage de la remorque, recherche des rustines, réparation, rebâchage et... nouvelle crevaison dix mètres plus loin ! Là, j'ai regardé l'archange tout en haut de l'abbaye et il m'a semblé qu'il ricanait dans ses plumes ! Bref, à cette allure-là, le chemin n'était pas fini !
J'ai revu mon copain quelques jours plus tard à St Michel Mont-Mercure, sommet de la Vendée : du haut du clocher, il me guettait, mais là je n'ai pas moufté... Et je n'ai pas crevé jusque Leon !
Au centre de cette ville se trouve un immeuble construit par l'architecte GAUDI. Partant à pied, avec ma belle remorque, j'ai avisé sur la façade un personnage armé d'une pique et terrassant un dragon. "Ah ! Saint-michel ! "ai-je dit à l'ami espagnol qui m'accompagnait ; "Non ! Saint-Georges "a-t-il répondu . Et j'ai cru bon d'ajouter :" Eh bien c'est un copain de boulot à Saint-Michel !" ... Vous me croirez si vous le voulez : trois kilomètres exactement après mon départ, le bras droit de ma remorque cassait et je devais sacrifier mon bâton de pèlerin pour improviser une attelle !
Croyez-vous que l'expérience m'ait rendu plus prudent ?
A Melide, entrant dans la cathédrale après l'étape, j'avise une petite vieille qui embrassait éperdument les têtes de cinq ou six statues placées sur un autel. Je n'ai pas manqué d'esquisser un sourire et aussitôt, patatras... je me suis mangé la marche du narthex, cachée par la pénombre !
Et qui ai-je vu en me relevant, accroché sur le mur trois mètres devant mon nez ? Vous avez deviné : Saint-Michel ! (Je suis allé vérifier de près).
Alors, un conseil : Ne vous fâchez pas avec un archange, surtout quand il a une pique et que vous avez des pneus ! Ils sont susceptibles, ces gars-là !  
30 mars 2004 :
Je suis, tu vois, revenu à la vie "normale" mais je passe régulièrement sur ton site voir les photos du chemin. Même pas un mois après, la nostalgie est là.
Je suis en train de décanter cette expérience, il y a des choses que je ne m'explique pas, mais par contre il y a déjà l'envie de repartir, de retrouver cette ambiance si particulière, de côtoyer à nouveau des gens "vrais", et acceptés d'emblée comme semblables.
On m'avait demandé si je pensais refaire le chemin ( C'était la télévision espagnole deux jours avant Santiago - Eh oui, la gloire me poursuit ! ). Je ne savais pas, ou du moins ce n'était pas un objectif immédiat. Maintenant je sais que quand le Camino prend l'homme, il ne le lâche plus.
Amitiés jacquaires.
Daniel Raux, pèlerin Malouin

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Sylvain pèlerin cycliste canadien
Parti le 23 octobre 2003 du Puy en Velay, arrivé 19 jours plus tard à Compostelle. (décembre 2003)
Je veux tout d'abord vous remercier pour toute l'aide que vous avez apportée à la préparation de mon chemin vers Compostelle. Votre site est non seulement une source de renseignements utiles mais surtout une source d'inspiration.

Parti à vélo du Puy le 23 octobre, le périple n'a pas été de tout repos. J'étais parti avec plusieurs fausses idées : que 60 Km/jour seraient suffisants, que le défi réel était de traverser les Pyrénées, que les plaines d'Espagne seraient faciles et un moment pour rouler plus avant, que la langue serait sans doute un obstacle, que de rouler à vélo est logistiquement facile. Finalement que le sud de la France ainsi que l'Espagne sont bien plus chauds que l'Amérique du nord. Toutes des idées bien normales pour un nord-américain...
Et bien, dès le soir du 23, il s'est mis à neiger sur Saugues, donc la montée du 24 sur Nasbinals fût sur la neige. Tous mes câbles ainsi que mon train de dérailleur étaient couvert de 3 cm de glace, en plus j'étais chaussé de sandales. Les arrêts se sont avérés plus nombreux et plus coûteux que j'avais anticipés... en chocolats chauds. Il faisait -9C avec 30 cm de neige lors de la montée sur Aubrac. La descente à 55 Km fût plus que glaciale, infernale. Le même jour, je terminais à Conques en shorts et maillot court...
Les 140 Km de Conques à Cahors m'ont donné un avant-goût de la difficulté de bien réparer le vélo. Il est facile de réparer une crevaison mais de trouver une station-service avec de l'air pour bien regonfler est presque impossible. Les rares magasins de vélos sont trop occupés pour effectuer les réparations rapides même de base. En tout, j'ai crevé 9 fois, brisé 8 rayons de la roue arrière (avant de laisser du poids) et changer les patins de frein 2 fois. Bien que j'avais du matériel de rechange, le remplacer fût un tout autre défi. La pluie aura été un compagnon de voyage bien présent du Puy à Roncevaux. La montée sur Roncevaux, ponctuée d'une crevaison, sous la pluie est un défi.
Première bonne surprise, par un beau matin de dimanche je m'attaquais à l'Espagne. Une crevaison en descendant les Pyrénées fût rapidement
expédiée. Les stations services en Espagne sont ouvertes même les dimanche, elles ont de petits magasins, des pièces de rechanges, des toilettes et de l'air. Agréables et pratiques, j'étais ravi et impressionné.
Oui, on peut rouler rapidement sur les plaines de Pampelune à Leon, mais c'est à mourir d'ennui. sans le savoir, on se retrouve au coeur même du chemin, seul avec ses pensées.
Les Pyrénées ne sont rien avant les montées à la Cruz de ferro, d'O Cebreiro et de San Rocque. Pire, les descentes sur des chemins crevés en lacets.
Malgré tout, j'ai bien apprécié l'expérience. Les rencontres faites sont des moments précieux. Je n'avais jamais fais l'expérience d'autant de générosité et de confiance instantané qu'entre pèlerins. Un esprit d'entraide bien supérieur qu'à celui entre militaires. Du côté bouffe, j'ai mangé comme un roi, essayant les spécialités locales. Après 19 jours et 1572 Km de route, j'ai rallié Saint-Jacques le 10 nov. Un défi et une expérience inoubliable.
Je visite maintenant votre site tous les jours et je continue à redécouvrir bien des choses. Il fait bien de pouvoir retrouver la camaraderie du Camino.
Sylvain Simard de Halifax, Canada.