Le chemin de Saint-Jacques a changé Jean et Bernadette Schmitt, un couple de Millavois devenus pèlerins en 2003 à la faveur d’un voyage de noces un peu particulier, à étapes. A l’évêque du Puy qui leur demandait ce qu’ils attendaient dudit pèlerinage à Compostelle, Jean a répondu sans détour qu’ils avaient déjà eu tout ce qu’ils voulaient : «On est venus pour remercier. On va marcher pour les autres.» De fait, Bernadette a marché avec, dans sa poche, l’intention d’une grand-mère pour son petit-fils toxicomane, un bout de papier tiré au sort au moment de quitter la cathédrale Notre-Dame et de rallier l’Aubrac depuis le Velay. «Lorsque ça montait trop, je lui parlais à ce gamin, je lui disais : tu vois la côte, je fais la moitié, tu fais l’autre», raconte la pèlerine.
C’était en 2003 ; cet été-là, le couple est allé jusqu’à Conques à raison d’une trentaine de kilomètres par jour. L’été suivant, les Schmitt ont repris à Conques la fameuse Via Podiensis et gagné Condom (32) en une quinzaine d’étapes. En 2005, le couple est entré en Espagne et a fait halte à Burguette après avoir franchi le col de Roncevaux. Enfin, l’été dernier, il a traversé sans encombres l’aride plateau de la Meseta pour rejoindre Cazaldilla de la Cueza et y faire tamponner ses credancials.
Dernière étape en août 2007. En août prochain, c’est là qu’il retrouvera le camino et sillonnera à son tour les quelque 400 kilomètres qui le séparent encore de la destination finale, Santiago. Ce n’est pas que Jean appréhende, mais il n’est pas spécialement pressé de refermer cette parenthèse qui, depuis qu’elle est ouverte, l’a – il est formel – transformé. «Au départ, ce n’était pas vraiment spirituel, je marchais en gambergeant, c’est tout, explique ce Lorrain d’origine, qui se dit croyant mais pas pratiquant. Et puis, rapidement, je me suis rendu compte que je n’étais pas là par hasard : c’est le chemin qui te prend.» «C’est un cheminement intérieur, un dépassement de soi qui apporte un vrai équilibre en même temps qu’il donne une formidable leçon de vie», renchérit Bernadette Schmitt, louant les valeurs de solidarité, de tolérance, de simplicité et d’humilité en vigueur partout sur le chemin de Saint-Jacques.
De retour à Millau, le couple se sent imprégné de l’esprit du chemin longtemps encore après l’avoir quitté. D’ores et déjà, il envisage de donner l’année prochaine, à l’issue de la dernière étape ibérique, une conférence pour partager impressions et souvenirs avec le plus grand nombre (les Schmitt espèrent d’ailleurs associer à ce projet d’autres pèlerins locaux). Il risque d’y avoir du monde : ce n’est pas tous les jours qu’on vous invite au voyage de noces des gens heureux.
Ecrit par Hugues Cayrade
Source : Le Journal de Millau - http://www.som-millau.com/e
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Belle histoire...
Pèlerin d'Alsace sur le chemin des étoiles en 2003 du Puy à Roncevaux et en 2004 de Navarrenx au Finisterre et bientôt si maître Jacques le veut en 2006 de Vézelay à Santiago. Je tiens à vous faire part d'une rencontre insolite près de chez moi il y a de cela deux jours mais était-elle si insolite que cela ?
Habituer des sentiers et des chemins de mon Alsace Bossue natale à la frontière de la Lorraine qu'elle ne fut pas ma surprise au détour d'un de ces sentiers de tomber nez à nez avec un couple d'homo sapiens charger comme des mulet. Le premier moment de surprise passé, la conversation s'engage. D'abord bonjour en français, puis j'ai compris devant leur mine qu'ils ne maîtrisaient pas la langue de Molière. Allemands, va pour l'allemand... J'ai donc appris que Michèle et Markus originaires de ESSEN étaient en route pour Santiago !
Je suis resté sans voix, la providence qui m'avait accompagner pendant mes périples vers le tombeau de l'apôtre venait à nouveau de se manifester sous sa forme la plus inattendue.
Là, au milieu d'une forêt, loin des routes traditionnelles de pèlerinage, St jacques nous faisait un drôle de clin d'oeil ! J'ai donné ma coquille à Markus qui n'en avait pas et c'est avec beaucoup d'émotion que le lendemain soir nous nous sommes quitter les ayant accompagnés sur 25 Km et les laissant chez des amis du Camino.
Aujourd'hui je remercie le très haut pour se moment de grâce car mon chemin ne finira jamais ma coquille une parcelle de moi chemine à l'ouest au soleil couchant.
Paul d'Alsace
Belle histoire, suite...
Amis du grand chemin.
Il y a de cela quelques mois je vous ai relater ma rencontre insolite sur un sentier de mon Alsace Bossue natale d'un couple de pèlerin de Essen en Allemagne.
Et hier j'ai eu droit à un grand moment d'émotion en ouvrant ma boîte aux lettres , quelle n'a pas été ma surprise de découvrir parmi mon courrier une carte de Santiago posté le 21 01 2006 annonçant que Markus et Michèle étaient arrivées au Finisterra et que ma coquille de pèlerin que je leur avait donné lors de notre rencontre avait remplis son office et qu'elle avait accompagné leurs pérégrinations sur la voie des étoiles ,leurs donnant force et courage pour aller au bout de leur périple car d'après leurs écrits cela ne fut guère facile, le froid la pluie,et la neige ont été leur lot quotidien durant de nombreuses semaines.
Markus m'informe qu'il me restituera cette coquille dés leur retour en Allemagne,mais j'ai décider de leur en faire cadeau pour qu'il puisse à leur tour la remettre éventuellement à de futur pèlerins afin que sont voyage à elle ne achève pas.
Paul d'Alsace
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Cette année 2005, j'ai cheminé durant le mois de Juin de Burgos jusqu'à Fisterra
Accompagné d'un ami qui découvrait (avec émerveillement) le Camino. Nous étions chacun équipés d'un Carrix, car nous avions opté pour la formule "totalement indépendants" afin d'éviter la course au refuge qui malheureusement tue l'Esprit du Camino. Combien avons-nous vu de ces "pèlerins" qui semblaient disputer un Raid-compétition à la lampe frontale ? J'ai même été doublé un midi par des italiens qui COURAIENT avec leurs sacs sur le dos !!! ...No comment... Bref, pour être autonomes, il nous fallait emporter une charge plus importante, avec tente individuelle et matériel de cuisine. Au total, nous dépassions chacun les 20 kg de charge ! (21 et 23 exactement).
Bonjour les conseils de Gérard du Camino pour n'emmener que l'essentiel ! De vrais déménageurs ! Mais VIVE LE CARRIX qui nous a permis de trimbaler tout cela, pratiquement sans problème aucun.
Attention, nous avons bénéficié de bonnes conditions atmosphériques.
Aucun problème sur un chemin goudronné, empierré ou même très rocailleux comme dans la montée et la descente du Cebreiro, ni sur l'herbe ou la terre sèche ou humide. Par contre, je ne sais pas quel serait le comportement du Carrix dans certaines boues (ou dans la neige). Ainsi, sur la meseta, avant Hornillos, il pleuvait et le sol était recouvert d'une bizarre pellicule collante comme du mastic, une sorte de glaise grise qui s'attachait aux roues ... et aux semelles ! Tout dépend donc de la nature du sol. A l'usage, j'ai modifié ma technique d'utilisation du Carrix.
Je vous la livre sans la faire breveter :
J'ai d'abord "tiré" ma charge (méthode normale), puis je me suis dit qu'un ouvrier qui doit déplacer une lourde brouette la "pousse". J'ai donc placé le Carrix devant moi, toujours accroché au harnais. Avantage : plus du tout d'à-coups ressentis vers l'arrière dans les montées difficiles, et le dos toujours complètement droit et ne supportant aucune charge. Bref, c'est "le pied" pour le dos, si je puis m'exprimer ainsi, et vous travaillez vos abdominaux !
J'ai ensuite changé de technique en me disant qu'un livreur qui utilisait un "diable" faisait porter le maximum de poids sur la roue.
J'ai donc décroché le Carrix du harnais, levé les bras du carrix et "poussé" : FORMIDABLE sur terrain plat ou légèrement montant, quelle que soit la surface. Aucun effort, juste une "technique" à acquérir pour trouver le bon point d'équilibre : pas trop de poids vers soi, pas trop vers l'avant pour que la charge ne bascule pas.
Après quelques heures, les poignets ont chopé le bon réflexe et çà roule tout seul ! Beaucoup de pèlerins ou de passants m'ont regardé d'un air sidéré - un livreur sur le Camino ! - en pensant, vu le volume de mon chargement, que j'avais de super biscotos, alors que je ne forçais absolument pas ! : "Very strong ! ", "Muy fuerte ! " ....Ben non, mais merci quand même !
Mais il faut adapter la technique au terrain. Quand çà monte beaucoup, il faut faire porter les bras du Carrix sur les avant-bras. On pousse avec les épaules. (Là, c'est bon pour la musculation épaules - abdominaux). Essayez, çà marche (au pas du montagnard, naturellement) !
Et quand çà descend, il faut descendre la charge, soit en tenant les poignées (comme une brouette), soit en baissant encore la charge et en retenant le Carrix par les sangles. Ainsi, dans les TRES fortes descentes, on ne court plus le risque d'être "poussé" et déséquilibré : donc plus aucun risque de chuter .... Si "çà part", suffit de lâcher ! (Oh, mais c'est que c'est "cogité", tout çà !)
Un dernier avantage, mais cette fois en option : le sèche-linge ! Je m'explique : comme vous tenez les deux bras de votre Carrix, à quoi peut bien vous servir votre bâton de pèlerin sinon à vous encombrer ? Hein ? Hé bien, vous le passez dans les deux sangles qui servent à unir les deux parties des bras du Carrix, et vous obtenez un magnifique support transversal pour mettre à sécher chemise, chaussettes et slip du dernier lavage ! De plus, TOUS les gens que vous croiserez vous souriront !
Dernière remarque pour être tout à fait objectif : mon collègue a essayé.... puis est revenu à la méthode classique ! (Sûrement vexé de ne pas y avoir pensé en premier). Il a prétexté que c'était une question de morphologie !
Alors, à vous de voir !
Daniel le malouin
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Chers pèlerins,
Cette stèle est l'aboutissement d'une rencontre providentielle entre deux amis. L’un Auvergnat l'autre Alsacien, chacun fervent défenseur des traditions régionales et surtout passionné par les chemins de St Jacques de Compostelle.
La stèle Alsace - Aubrac.
Le sculpteur Alsacien Jean-Claude LANOIX a réalisé cette œuvre en respectant la divine proportion du nombre d’or. Le nombre de l’harmonie universelle 1+√5 soit 1,618 qui est un modèle de perfection esthétique et philosophique. De style volontairement contemporain cette stèle symbolise par son tronc rectangulaire en grès rose des Vosges le séjour terrestre de l'homme. En son milieu, une pièce en grès blanc évoque le cheminement harmonieux nécessaire à une conversion, vers le monde céleste représenté par le disque en son sommet.
Cet anneau représente aussi l’alpha et l’oméga le début et la fin,…La roue de la vie ; l'orifice central doit laisser libre cours à chaque pèlerin ou promeneur, qui percevra au travers (d’un coté la statue blanche de la vierge, de l’autre la Dômerie d'Aubrac dont les vitraux du choeur ont inspirés les contours de la stèle).
Le clou en bronze de l'association des amis de St Jacques d'Alsace, nous confirme que nous sommes sur le « bon chemin » qui nous mène vers Santiago de Compostela.
L’Inscription : dans silence et la solitude on entend plus que l'essentiel répond parfaitement à l'esprit du plateau de l'Aubrac avec ses espaces généreux et sans limite. Comme le disait un enfant du pays « Sur l'Aubrac il n'y a rien ou plutôt il y a tout » ; cette citation permettra à chacun de méditer tout au long de sa pérégrination.
Les fonds collectés en Alsace ont permis de porter ce projet à son terme. Merci à tous les sympathisant, amis et aussi aux membres de l’association Aubrac échange pour les démarches administratives nécessaires à cette implantation. Cet édifice a été béni le 1er octobre 2006 par le père LAURENT Baptiste. Les dégradations importantes perpétrées en 2007 ne parviendront pas à détruire l’amitié qui nous unit. Que nos prières avec la grâce de l’esprit saint, protègent cette stèle et guident les pèlerins sur le chemin des étoiles.
Jean-Claude Paulet
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LE DEVOIR ET LE PRIVILÈGE D'ACCUEILLIR.
Témoignage de l'abbé Ihidoy de Navarrenx (dans le BOURDON).
" On m'a proposé d'écrire un petit mot sur l'accueil. Je le fais volontiers en pensant à tous les visages que j'ai rencontrés et qui m'ont apporté plus que je n'ai pu leur donner. En arrivant à Navarrenx en 1981, je ne savais pas que la Providence m'avait placé sur le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Les pèlerins se sont, d'abord, présentés au compte-gouttes. je les ai reçus, simplement comme je le fais pour les paroissiens. L'accueil n'est-il pas un devoir sacré pour tout un chacun ? Et quand on a de la place comment refuser d'ouvrir la porte à des gens qui ont fait 30 kilomètres à pied, sac au dos, par tous les temps? J'ai perçu d'emblée la richesse qu'ils portaient en eux. La quête humaine, parfois spirituelle qu'ils exprimaient. Le nombre a augmenté d'année en année pour atteindre les chiffres que l'on sait. Nous sommes devant un véritable phénomène de société : des hommes, des femmes, des jeunes, des anciens, de tous pays : Hollandais, Norvégiens, Suisses, Belges, Allemands, Autrichiens, quelques Américains des Québécois, des Français bien sûr ; à l'instar des siècles lointains, en quête d'une étoile donnant un sens à leur vie. Il me serait agréable ici de brosser quelques portraits-types de pèlerins mais cela m'amènerait trop loin.
Je me contente de les mentionner.
Il y a l'ancien qui a accompli tout un parcours familial et professionnel et qui veut rendre grâce pour tous les bienfaits reçus. Parfois il a une grâce à demander pour un de ses enfants ou petits-enfants.
Il y a le jeune adulte engagé "jusqu' au cou" dans la vie professionnelle, souvent cadre débordé de travail et de voyages d'affaires, bousculé dans sa vie familiales, et qui part avec cette question : n’y a t-il pas moyen de trouver une vie plus humaine ?
Il y a le jeune qui vient d'achever ses études et qui prend de la distance avant d'aborder la vie active.
Il y a l'artiste, soit de musique, soit de peinture, soit de sculpture, qui va à la recherche de lui-même comme d'une inspiration dans les profondeurs et au-delà de soi.
Il y a le médecin, le pharmacien, le professeur, l’architecte, qui veulent regarder les besoins de l'homme d’aujourd’hui, au-delà de leur pratique quotidienne.
Il en est bien d'autres au milieu, ouvriers, fonctionnaires, qui veulent repenser leur vie.
Il y a enfin le chômeur et celui qui a du mal à se situer dans la société actuelle, sans compter les jeunes couples qui testent, sur le Chemin, la solidité de leur amour. Bref, ce sont toutes les facettes de notre société qui se reflètent sur le Chemin comme dans un miroir grossissant.
Alors je vous le demande : comment ne pas accueillir ? Comment ne pas être à l'écoute ? Comment ne pas partager leurs questions et leur quête ? Comment ne pas être leur partenaire et leur complice ? Le peu de temps qu’on leur donne est sublime. Derrière chaque visage, il y a quelque chose d'unique à recevoir. Je disais qu'accueillir est un devoir c'est bien plus, une chance, un privilège.
Ici je ne vais pas éluder la question : ne faut-il pas distinguer les vrais pèlerins et les faux pèlerins ? A cette question je réponds d’abord, par une autre : qui peut juger ? C'est vrai que les motivations des uns et des autres sont extrêmement variées.
On trouve des pèlerins guidés par l'Étoile de la foi et qui vont comme François, chantant le vent, la pluie et le soleil. Ils ont la liberté intérieure leur souffle balaye nos pesanteurs. On trouve, également, de nombreux pèlerins en quête d’une vie plus humaine. C’est peut-être la motivation la plus commune.
J’admire l’authenticité de leur recherche. Et dire que dieu, en Jésus-Christ, à pris le chemin de l’homme pour nous rejoindre.
C'est vrai aussi, que l'on trouve sur le Chemin des gens qui sont plus randonneurs que pèlerins et ils le disent... Mais combien après avoir commencé le trajet en marcheurs le termine en pèlerins ! J'en ai de nombreux témoignages. Quoiqu'il en soit, tout le monde a droit au Chemin. Il en est dont on se demande s'ils sont vagabonds ou pèlerins, ils sont rares. Mais même s'ils le sont (vagabonds) pourquoi poser sur eux un regard condamnateur et excluant ? Personnellement je leur fais confiance et je les encourage à faire le Chemin sérieusement avec toutes les exigences qui s'y rattachent. On y rencontre des générosités admirables.
Il y a, enfin, des athées déclarés. Vous allez me dire : que font-il sur le Chemin de St Jacques ? Je crois pouvoir répondre en résumé : ils cherchent une vie plus authentique. Je sais que Dieu est à l'horizon des recherches de vie authentique. Je les accueille avec infiniment de respect et d'amitié. A l'appui de tout ce que viens de dire quant au jugement sur les vrais ou les faux pèlerins, je veux apporter cet exemple vécu.
Un soir, un jeune couple Belge, avec un chien noir, font halte chez moi (tous les deux sont chômeurs). Après avoir sympathisé avec eux et avant d'écrire un petit mot sur leur "Credencial "et de la tamponner, je leur demande : que cherchez vous sur le Chemin ? C'est elle qui me répondit et je n'oublierai jamais l'expression de son visage en prononçant textuellement ces mots :
"Nous cherchons - un peu de force, nous sommes fragiles, un peu de stabilité, nous n'avons pas de travail, un peu d’équilibre, nous avons du mal à gérer notre vie.
• Il y avait là un autre couple plus ancien, un pasteur protestant et sa femme médecin. Nos regards se sont croisés, non sans émotion, et celui du pasteur me disait: "Voilà les vrais pèlerins".
Je voudrais tellement qu'on cesse de juger les bons et les mauvais pèlerins Ce n'est pas de la naïveté ? C'est du réalisme. Permettons à chacun, en faisant le Chemin, de faire son chemin.
Les associations qui parrainent ont un grand rôle à jouer pour informer et situer chacun dans sa démarche ainsi que pour canaliser le mouvement. Leur action, à mon sens, doit se porter sur une responsabilisation des futurs pèlerins, les aider à s'accomplir dans la démarche qu'ils entreprennent et leur expliquer que si le Chemin va beaucoup leur donner, eux aussi, sur ce Chemin, ont des devoirs.
Mais nous sommes dans une société éclatée. Il faudra par les temps qui courent, accueillir largement ceux qui échappent à nos structures habituelles et à nos schémas de pensée.
J'émets un dernier souhait !
Le passage des pèlerins est une richesse, sur le plan humain, culturel et spirituel et tout le monde devrait en profiter. Je souhaite qu'au-delà de ceux qui sont préposés à l’accueil, il y ait un échange entre la population locale et ceux qui passent. Je vois l’ébauche d’une société plus humaine et plus fraternelle à l’aube du 3ème millénaire.
Permettez que je termine par une évocation Biblique :
Abraham est assis à l'entrée de sa tente, sous le chêne de Mambré, au plus chaud du jour. Trois visiteurs s’approchent... Abraham les accueille à la mode orientale c'est à dire royalement.
A travers ces étrangers il a l'intuition d’accueillir Dieu. Il ne se trompe pas la fécondité lui est promise et donnée, celle "d'un peuple aussi nombreux que les étoiles du ciel".
Aujourd’hui, des pèlerins sur le chemin de Saint Jacques, passent parmi nous. Ne manquons pas le rendez-vous ! Leur rencontre est source de fécondité pour tous ".
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Mon chemin en joëlette
Bonjour Gérard,
Quelques mots pour te dire que je garde un excellent souvenir de notre rencontre à ton espace jacquaire de Montrouge, avec Michel, qui m'y avait conduite en moto!
Nous avons déjeuné ensemble et tu nous a fait découvrir un vin étiqueté Saint-Jacques. Si nous avions eu plus de temps, nous serions encore probablement tous les trois à placoter, vu ta verve proverbiale et la chaleur de ton accueil.
Je viens de terminer la lecture de ton volume qui raconte ta pérégrination de 1999, alors que tu avais eu beaucoup de mérite à cheminer sur le Camino Francès. L'écriture se veut vraiment sympathique à l'instar du héro principal. La lecture coule bien, comme de source. Je m'étais proposé d'en franchir une étape par jour, pour faire comme si..., question de me remettre en chemin. Mais, au bout de trois jours, je l'avais terminé et savouré. Gérard, je veux te féliciter, car parmi la quarantaine d'essais que j'ai lus sur le sujet, tu es le seul qui ne récrimine pas contre les touristes sur LEUR chemin. Comme si le Camino n'appartenait qu'à cette catégorie de personnes aux bonnes jambes qui n'y avancent que pedibus cum jambis, le sac bien arrimé à la carcasse dorsale. N'eut été de ce moyen d'approche du chemin de Compostelle, je ne m'y serais jamais retrouvée en juillet dernier, comme une vraie pèlerine, si on peut dire.
Revenons-y à ce bout de chemin que Michel et moi venions d'effectuer avec Compostelle 2000. Oui, pourquoi avoir cheminé avec eux ? C'est qu'en l'an 2000, en car touriste-pèlerin, j'ai connu le Camino Francès. C'est alors que je fus piquée par je ne sais quelle mouche tentatrice: je désirais poser mes pieds dans les pas d'Aimery Picaud, de Godescalc et de bien d'autres qui les ont suivis au cours des siècles. Je me suis donc entraînée pendant de longs mois, afin de pouvoir marcher, à mon rythme, environ 8 km par jour, de Sarria à Santiago. La Galice m'attirait. J'ai passé le test haut la main dans les sentiers québécois. Mais, en Espagne, à la hauteur de Sarria, saint Jacques m'attendait au détour de la calle Major.
Il m'a sournoisement asséné une jambette (ou j'ai eu une distraction) et, en moins de deux, j'ai loupé une marche minuscule quasi invisible. Résultat: fémur cassé sur une jambe déjà atteinte de poliomyélite. Récupération longue, difficile et imparfaite. Surtout retardée par une bactérie nosocomiale. Voila pourquoi Compostelle 2000 est devenu ma planche de salut, puisque maintenant, je ne me déplace que sur environ 1 km par moi-même.
Je suis donc partie avec eux le 8 juillet dernier, en joëlette, de La Souterraine (Voie de Vézelay) jusqu'à Sainte-Foy-La-Grande. Une équipe du tonnerre d'une bonne cinquantaine de bénévoles FORMIDABLES qui ont prêté leurs pieds à 6 PMR (personnes à mobilité réduite). Prêté leur coeur aussi. Des gens qui possèdent le sens du chemins, pour qui, accueil, esprit de partage, générosité,dévouement ne correspondent pas qu'à des mots, mais à autant de qualités. Tout cela, avec tact et humeur au beau fixe.
Oui, on a bien rigolé, toujours et partout. Pour une Québécoise, vivre au quotidien au milieu d'un essaim de Français volubiles, subtils, quel bain de gaieté !
En chemin, on a aussi réfléchi. Une pensée nous était proposée à chaque jour, suivie d'une demi-heure de silence ( ouais, enfin...), dans une nature qui variait d'une heure à l'autre. Bien différent de nos larges horizons canadiens où l'oeil s'y perd.
Bref, j'ai l'impression de me répéter un peu en écrivant tout cela, puisque je me suis généreusement épanchée sur le sujet à mon retour, dans un témoignage, qui figure sur le site de mon association compostellane : www.duquebecacompostelle.org.
Si le coeur t'en dit, tu peux aller y jeter un coup d'oeil, pour vivre une journée à notre façon sur un des beaux chemins qui mènent à Santiago.
En espérant que tu fasses profiter tes visiteurs de mon expérience et que quelques-uns se laissent gagner par notre cause et viennent marcher avec nous - comme monsieur le maire de Fraisse - l'été prochain, où nous devrions, de Sainte-Foy, nous rendre jusqu'à Roncevaux.
Amitié jacquaire
Marie-Paule - Courriel : |