Un peu de poésie chemin faisant...

Si tu veux téléphoner à Dieu.

Choisis le bon code régional. Ne compose pas à l’aveuglette.
Une conversation téléphonique avec Dieu n’est pas un monologue. Ne parle donc pas sans arrêt, pense à écouter celui qui te parle à l’autre bout du fil.
Si la communication est interrompue, vérifie si ce n’est pas toi qui a coupé le contact.
Ne prends pas l’habitude de n’appeler Dieu qu’en cas d’urgence ou de problèmes insurmontables.
Ne téléphone pas à Dieu seulement aux heures de tarif réduit, c’est à dire en fin de semaine. Un court appel devrait être possible régulièrement.
Pense à signaler aux autres usagers que les appels auprès de Dieu sont sans frais.
N’oublie pas de consulter ton répondeur téléphonique sur lequel Dieu te laisse sans cesse des messages, même quand tu es un peu absent.

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NB : Si malgré l’observation de ces règles simples, la communication s’avérait difficile, s’adresser avec confiance à l’Esprit Saint qui rétablira sans délai la communication. Si l’appareil utilisé présente des défauts ou même ne fonctionne plus, rapportez-le à l’atelier de réparation, qu’on appelle aussi "le pardon" , il y sera gracieusement remis à neuf.
Tout appareil est garantit à vie et au-delà. 

La Voix Protestante, février 2003 p.28 (Graine de Moutarde).

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L'homme qui marche

L'homme qui marche, marche d'un même pas vers la mer et vers la source.
Sa soif apaise la soif.
Il aime la terre qui voudrait le retenir et le ciel qui lui offre des ailes.
Il aime se sentir arbre qui déplace délicatement ses racines, et arbre qui s'en affranchit pour la grâce de l'envol.
Il aime que Dieu le taille dans la sueur et dans les larmes.
Que Dieu le gonfle de rires et de sève.
L'homme qui marche aime être un bourdon pour l'homme qui se lève. 
L'homme qui marche aime écrire dans la poussière des chemins.
Un pas après l'autre, il paraphe l'espace qu'il acquiert et cède à la fois.
Poète, l'inspiration ne lui fait jamais défaut.
A supposer que le vent ne flambe pas dans les branches les plus hautes ou que les trains de ses torrents soient en grève ; à supposer que les oiseaux ne descendent pas sur lui en langues de feu, la cognée de son souffle lui suffirait pour faire couler la sève de l'échange. 
L'homme qui marche est son propre conquérant.
En exil continuel, il unit dans la même étreinte l'amont et l'aval, l'horizon et l'origine.

Albert Strickler - L'Homme qui marche (extrait) non publié

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Pèlerin.

Te voilà debout, pèlerin, prêt à te mettre en route, mais il faut que tu saches, pèlerin, où tu vas ! Te voilà debout, pèlerin, prêt pour ta recherche, mais il faut que tu saches ce que tu pars chercher ! Souviens-toi de ce pèlerin qui un jour également partit, mais en suivant une ombre, perdit le bon chemin. Et quand il se retourna l'ombre s'évanouit, il se retrouva seul, seul en face à face avec lui. Ne crois pas qu'il suffise de prendre l'habit et le bourdon, ni que puissent te rassasier la gourde d'eau, le pain ou la prière. Il convient de cheminer ensemble, confondus en un seul amour, et de briser tous ces miroirs qui emprisonnent ton cœur.

Antonio Machado (poète écrivain espagnol)  

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Un autre Chemin... Le Chemin des fleurs...

Depuis quelques années déjà, je projetais faire le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Après beaucoup de préparations ,j'y suis allée ce printemps. Partant du Puy-en-Velay, j'arrivais à Saint-Jacques (Espagne) le 20 juin. Que d'émotions pendant ce pèlerinage! Que de rencontres!...de pèlerins compagnons de joies et peines, mais aussi que de fleurs!  
J'ai eu la chance de traverser la Margeride et l'Aubrac (Massif Central) en avril par un temps radieux. Les champs étaient jonchés de jonquilles, crocus et pensées, dans les sous-bois on pouvait admirer les anémones sylvestres. Les anémones pulsatilles, plus rares, ouvraient leur corolle pourpre. La nature se réveillait en même temps que le coucou, cet oiseau qui ne chante qu'au printemps. Comme je me sentais bien! Je marchais doucement. D'une part, je me remettais d'une entorse au genou (j'avais glissé chez moi sur une olive!), d'autre part, je voulais savourer ces paysages merveilleux et m'enivrer de toutes ces odeurs printanières pleines de promesses de vie. Quel bonheur d'être seule sur un sentier, loin des tracas quotidiens!  
Jour après jour, le paysage a changé, la végétation s'est renouvelée. Je découvrais ainsi les Causses, parsemées de milliers d'orchidées toutes plus belles les unes que les autres, la garrigue ,embaumée de thym et de marjolaine. Ainsi, impossible d'oublier cette matinée de marche féerique sur une voie ferrée désaffectée bordée d'acacias. Ce jour-là, il "pleuvait" des fleurs, les pétales tombant comme des flocons de neige odorante... Magique ! 
Ce fut à nouveau la montagne, les Pyrénées, nous passons en Espagne par le col de Ronçevaux. Pendant quelques jours, j'ai assisté comme au retour du printemps , avec les ancolies, le sureau toujours en fleurs et le subtil parfum des chèvrefeuilles. Plus loin encore, plus tard donc, c'est la traversée de la "Rioja", région fertile où les vignobles côtoient les vergers d'amandiers et d'oliviers. La mauve sylvestris était présente partout, dans les fossés, aux bords des champs et même dans les moindres terrains vagues aux abords des villes.
Après Burgos, j'ai commencé à apercevoir de grands tapis rouges au loin, c'étaient des champs de coquelicots, j'ai longé ces champs pendant plusieurs jours, c'était tout simplement magnifique! Puis arrive la Meseta, endroit redouté des pèlerins. Imaginez ! près de 200 kilomètres de chemin plat et monotone souvent sous la pluie, parfois sous la grosse chaleur . Pas facile! Heureusement il y a le bonheur des rencontres et la découverte de nouvelles fleurs. C'est par une journée froide et venteuse que j'ai découvert les premiers plants de lavande, encore un cadeau de Dame Nature!  
Plus loin, après une dernière chaîne de montagnes, nouveaux enchantements, nouveaux bonheurs avec la longue traversée au milieu des genêts, bruyères, lavandes, églantiers, digitales. Ces traversées m'ont portée jusqu'en Galice et ses immenses forêts d'eucalyptus bienfaisants. J'avais en effet attrapé un refroidissement, et, de froisser et respirer les feuilles de cet arbre m'ont fait beaucoup de bien.  
Enfin, c'est l'arrivée à Saint-Jacques, après avoir marché près de 1600 kilomètres. C'est la joie, le soulagement, l'émotion mais aussi la tristesse. Tristesse de quitter les merveilleux amis que je m'étais fait et aussi tristesse de quitter ce chemin où j'étais si bien pour retrouver une vie plus "normale"?
Pendant toute cette pérégrination, j'ai cueilli le thym, le fenouil, la doucette (mâche sauvage), la marjolaine, j'ai préparé des salades avec des fleurs et surtout, surtout, j'ai rencontré une véritable amie et complice: l'ortie; elle m'a aidé à gardé mon énergie et m'a même permis de rentrer en contact avec une herboriste qui ne "jure" que par l'ortie!!!
Ainsi donc, si pour tous, le chemin de Saint-Jacques est le Chemin des étoiles, pour moi, il est aussi le Chemin des fleurs.
(Anne-Maud Jan Viau)

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