La credencial

Saint Jacques, ils sont devenus fous !
"Radio Camino" l'annonçait depuis bien longtemps, c'est arrivé... Depuis le 1er janvier semble-t-il, seule la credencial espagnole est admise pour que soit validé votre statut de pèlerin (delà à dire que les possesseurs de credencials délivrées par leur association jacquaire préférée, ne sont rien de plus que des "coquillards", il n'y a qu'un pas...).
Plus fort encore ! il vous sera à présent demandé deux tampons (sellos) par étape durant les 100 derniers kilomètres de votre chemin. Source : l'ACIR de Toulouse. Serait-ce une astuce pour ennuyer les nombreux pèlerins espagnols qui se contentent de cheminer sur les 100 derniers kilomètres afin d'obtenir leur compostela (petit plus dans leur CV aux dires de certains).
A qui profite le crime, que cherche-t-on à endiguer ?
Où ce procurer la seule VRAI credencial ? Au près de vos associations jacquaires ? Elles ont les leurs. Au près du curé de votre paroisse ? Pour la plupart, ils ne savent même pas ce que c'est !
Connaissez-vous Guillaume Magnier, ce brave paysan picard qui en 1726 se rendit à Compostelle en passant par le tunnel de San Adrian ?
Il optint sa credencial (lettre de recommandation) auprès de son curé bien sûr ! Cette lettre était reconnue par toutes les autorités civiles et religieuses et cela quelques fussent les régions ou provinces traversées me semble-t-il. Aurait-il pu effectuer son pèlerinage s'il lui avait fallu préalablement demander son laissez-passer auprès des "autorités" ecclésiastiques compostellanes, je crains que non !
Aujourd'hui, que ressentiront les pèlerins qui ayant cheminé durant plus de 3 mois pour certains, lorsque leur sera refusée la célèbre Compostela ?
A ce propos, je fus, il y a deux ans, témoin du sectarisme de certains "accueillants" du bureau des pèlerins de la rue Villar.
Voici de quoi il s'agissait. J'ai eu le plaisir de cheminer durant plusieurs jours avec une éducatrice belge qui accompagnait une adolescente à problème. Toutes deux parties de Séville, elles suivirent la Via de la Plata jusqu'à Santiago. Pour se faire, elles devaient organiser leurs étapes avec un budget quotidien de 10 euros chacune. Cette adolescente devant ainsi prouver par son chemin, quelle était capable de se reprendre en main, de faire un travail sur elle même, de rechercher de vraies valeurs. C'était la condition qui lui était imposée par un établissement scolaire belge pour qu'elle puisse accéder au savoir qui lui permettrai d'espérer changer un peu son statut social.
Ayant rempli son "contrat", elle se rendit au bureau des pèlerins pour obtenir sa compostela, comme nous le faisons tous.
Celle-ci voulu remplir elle-même le fameux formulaire de motivations, (ce papier qui fera de vous ou non un pèlerin)... Seulement voilà, étant Flamande, comprenant mal ce qui lui était demandé, elle cocha la mauvaise case et de ce fait sa compostela lui fut refusée... Il aura fallu toute l'énergie de son éducatrice pour que justice lui soit rendue.
Personnellement, je continuerai à utiliser les credencials qui sont disponibles près de chez moi et je ne manquerai pas de faire savoir à nos amis de Santiago combien leur attitude sectaire n'a qu'un très lointain rapport avec l'esprit du chemin...

Voici la seule credencial qui trouve grâce aux yeux des "autorités" compostelanes >>> Pourtant, à la mi-mai 2009, nos crédencials habituels sont toujours acceptés...